« Au départ, c’est parti d’un simple jeu : on regardait les boutiques de notre quartier et on pariait sur leur durée de vie. On connaissait bien notre quartier parce qu’on y habitait depuis plusieurs années. Bref, on se trompait rarement. »  confie Rodolphe Barrère. Avec Louis Delaoustre, les deux acolytes ont monté il y a 4 ans déjà Potloc , alors qu’ils étaient encore sur les bancs d’HEC Montréal.

Potloc, c’est une double promesse. Pour les habitants d’un quartier, c’est leur permettre de choisir leurs futurs commerces grâce à des sondages géolocalisés, directement via leurs réseaux sociaux, qu’ils habitent ou travaillent dans le coin. Potloc leur redonne du pouvoir puisqu’ils pourront décider des usages et des enseignes de leurs rues de demain. Pour les entreprises, ce sont des analyses de marché pointues sur des consumer insights (hyper) géolocalisés (versus les indicateurs trop macro que l’on trouve dans les études traditionnelles), à proximité immédiate de leurs futures implantations de point de vente : la startup légitime le choix d’implantation d’une enseigne, réduisant ainsi son risque d’implantation (qui coûte souvent très cher) et maximise sa durée de vie. Autre application, Potloc se propose également d’optimiser les magasins en sous-performance. Côté promoteurs, Potloc propose aussi plusieurs services : attirer une nouvelle clientèle et trouver les bons locataires pour un shopping center, et de façon encore plus large, aider les promoteurs à obtenir leurs permis auprès des villes.

Les premières années n’ont pas été de tout repos et le business model s’est affiné avec le temps. « On était un peu artisanal quand on a commencé : on faisait nos sondages à la main, voire à l’iPad. On s’est cependant rendu compte qu’on pouvait développer de réelles intelligences locales. Au bout de deux ans, on a opéré un shift majeur dans notre business model. Les petits commerçants auxquels on s’adressait ne savaient finalement pas ou très peu utiliser la data qu’on leur fournissait et notre plus-value pour eux ne justifiait pas notre prix. » Dès lors, Potloc s’ouvre sur une clientèle bien plus large : les grandes enseignes, les foncières, les promoteurs et les villes.

Deux ans après ce changement stratégique, le succès est finalement au rendez-vous : 18 embauches, une nouvelle implantation en France, à Lille, et une croissance de 100% sur la seule dernière année. Les grands comptes ont afflué à un rythme impressionnant : First Capital, Aldo et Cadillac Fairview pour n’en citer que quelques-uns outre-Atlantique. En France, Décathlon, Carrefour et Immochan font également confiance à la jeune entreprise.

En 2016, Potloc réalise une première levée de fonds d’1M $CAD auprès de plusieurs grands fonds québécois. L’ancien CEO de Rona (retailer n°1 du bricolage au Canada) fait dès lors partie du board. Plus récemment, Potloc a participé aux côtés de plusieurs promoteurs à l’appel d’offre publique Réinventons la Métropole du Grand Paris et a même remporté un projet aux côtés de BNP Paribas Real Estate.

De plus en plus « consumer centric » par nécessité, le retail nord-américain tremble : le e-commerce représente déjà 10% des achats et plafonnera à 20% d’ici 2022 prédit Rodolphe. Conséquence : 1 mall sur 4 aux Etats-Unis devrait fermer d’ici 2022 selon une étude du Crédit Suisse. On parle déjà d’un « retail apocalypse ». Les enseignes doivent dès lors repenser leurs stratégies de distribution : le point de vente physique ne faisant plus office de canal privilégié. Dans cette industrie en pleine révolution, Potloc est le premier à avoir introduit l’étude de marché consumer centric, un réel facteur de disruption ! A suivre de près donc…

Nils Edelman