Michael Webb est un homme chanceux. Ce passionné d’architecture a vécu pendant près de 40 ans dans un appartement fabuleux perché au-dessus de Los Angeles. Tout était parfaitement agencé : la lumière naturelle y était abondante, les arbres situés autour de l’immeuble assuraient ombre et intimité et les fenêtres donnaient directement sur l’océan. Deux de ses anciens propriétaires, Charles et Ray Eames, ont tant aimé y vivre qu’ils ont écrit à son architecte, Richard Neutra, pour le remercier.
Sans surprise, Webb est un fervent partisan de ce type d’architecture urbaine. Dans l’introduction de son dernier livre intitulé « Building Community: New Apartment Architecture », publié par Thames et Hudson, il parle d’un « besoin urgent de construire beaucoup plus d’appartements dans les villes » pour lutter contre la pénurie de logements qui les touche et éviter les longs trajets depuis la banlieue (qu’il décrit comme un délire qui coûte très cher à la communauté). Malheureusement, explique-t-il, les appartements les plus modernes sont souvent dépourvus de toute forme de créativité. Les développeurs adverses au risque et avides de profit s’entendent pour produire des blocs et des tours remplis de « petites cellules étroites où la lumière et l’air ne viennent que d’un seul côté et dans lesquelles les balcons sont généralement peu sophistiqués ».
Pour nous faire prendre conscience de ce « potentiel non réalisé » des immeubles qui nous entourent, Webb évoque dans son livre 30 exemples de développement récent qui trouvent grâce à ses yeux. On y trouve des appartements de luxe comme du logement social ; des bâtiments de faible hauteur comme des immenses tours. The interlace, situé à Singapour (voir la photo ci-dessus) est peut-être le projet le plus intéressant. Avec ses 1,000 appartements et son architecture fascinante, l’architecte Ole Scheeren nous montre qu’il est possible d’allier quantité et créativité.