L’impression 3D s’impose progressivement dans de nombreux secteurs et l’immobilier ne fait pas exception. En effet, plusieurs acteurs se sont spécialisés dans l’impression 3D de maisons et même d’immeubles. Parviendront-t-ils à s’imposer face aux constructeurs traditionnels ?
Aussi appelée construction additive, l’impression 3D permet de créer des objets de formes variées et complexes. L’architecte conçoit l’objet à imprimer sur un ordinateur puis une buse commandée informatiquement superpose le matériau couche après couche sur des plans horizontaux. L’accumulation de ces strates fait émerger la pièce. L’encre peut être constituée de résine liquide qui se solidifie rapidement, de sable fondu à très haute température ou de métaux qui subissent une fusion laser. Depuis plusieurs années déjà, l’impression 3D est utilisée pour l’usinage automobile ou aéronautique. En médecine elle sert à fabriquer des os artificiels mais surtout pour le prototypage. Les cabinets d’architectes l’ont également adoptée pour réaliser des maquettes de leurs projets et ainsi économiser du temps. Le secteur du bâtiment connait donc déjà cette technologie depuis quelques années. Ce qui est nouveau, c’est l’utilisation de l’impression 3D pour de véritables constructions et non plus uniquement pour des maquettes en résine.
Winsu, une société chinoise, a développé une imprimante capable de projeter un béton à la recette tenue secrète et qui se solidifie très rapidement. L’entreprise a accompli l’exploit d’imprimer une dizaine de maisons ainsi qu’un immeuble de quatre étages en une seule journée. Cette compression des délais permet à l’imprimeur de revendiquer un coût de fabrication très compétitif de 7000 € par maison. Une autre société, Apis Cor, a conçu une technologie capable d’imprimer de petites maisons à la forme étonnante sans échafaudage ni main d’œuvre. Cependant, l’impression ne peut être réalisée que dans un environnement où les températures sont négatives. Là encore, l’entreprise a annoncé un coût de production très faible de 255 €/m² comprenant les fondations, les murs, le toit, l’isolation, les finitions et les fenêtres. L’impression 3D appliquée à la construction de logement en est donc à ses prémices et de nombreux défis restent à relever. Par exemple, l’échafaudage de l’imprimante représente encore un coût très important. Pour remédier à ce problème, un système d’impression « hors de la boîte » a été développé par la société MX3D pour la construction d’un pont au-dessus d’un canal à Amsterdam. Le robot imprime et se déplace directement sur la structure qui vient juste de se solidifier.
Le bâtiment requiert toutefois de nombreux matériaux de plus en plus complexes qu’il n’est pas toujours possible d’imprimer. L’alliage d’aluminium solidifié par fabrication additive n’est pas aussi solide que de l’acier. Les structures des fondations et des finitions sont très différentes et de nombreuses normes doivent être respectées. L’impression 3D doit encore faire ses preuves pour améliorer les états de surface, les finitions et la qualité des matériaux.
En dépit des quelques expériences encourageantes recensées à travers le globe, l’impression 3D devra encore surmonter de nombreux obstacles techniques pour être considérée comme une solution crédible dans le domaine de la construction. De nombreux espoirs sont toutefois permis car cette technologie est amenée à s’améliorer et permet déjà d’envisager de nouvelles formes géométriques complexes comme des bâtiments ayant la forme d’un ruban de Moebius. L’Agence Spatiale Européenne projette même d’imprimer une base sur la Lune à partir de sable lunaire et d’oxyde de magnésium !