Avec sa dernière prise de participation en septembre 2016 dans ikimo9, premier comparateur de logements neufs, le fond BIRD (Bouygues Immobilier R&D) a signé son 5ème partenariat en 18 mois. Baptisé en juin 2015 sous les auspices d’Eric Mazoyer, directeur général délégué de Bouygues Immobilier, le fonds de venture-capital confirme la propension génétique du géant français à s’accaparer le changement. Le promoteur est en effet le premier à inaugurer une filiale d’investissement détenue à 100% et dédiée à attirer la pointe des start-up du logement, de l’immobilier d’entreprise et de l’aménagement urbain.
Avec comme vocation d’entrer au capital de ces start-up dans une fourchette comprise entre 10 et 15%, BIRD choisit ses poulains avec un certain sens du détail. Le fonds cible des start up « ready to market » qui ont déjà fait leur preuves pour ne pas perdre de temps et optimiser la fertilité du partenariat de co-développement. Pour trier le bon grain de l’ivraie et répondre à ses engagements, Bouygues Immobilier a décidé de confier à Ecosys, société spécialisée dans l’innovation verte, renouvelable et intelligente le soin d’effectuer le sourcing des entreprises susceptibles de répondre aux attentes de BIRD. L’entreprise se penche sur les projets à l’aune de dix thématiques jugées « stratégiques » : la maîtrise de l’énergie, la gestion de l’eau, la valorisation des déchets, la performance des bâtiments, l’optimisation des transports, la qualité de l’air, la nature en ville, les services de proximité, la concertation et le big data.
C’est ce processus de sélection, coeur de la stratégie d’investissement, qui constitue la garantie d’un win-win entre le géant français et ses start-up partenaires. Il permet à BIRD de sécuriser le niveau de ses investissements et dote les petites structures d’un label tacite, gage de sûreté pour consolider leurs projets et gagner en visibilité. Les entrées au capital devraient donc logiquement renforcer les levées de fonds à venir.
En outre, tout l’intérêt de Bouygues Immobilier réside dans la prise directe avec le terrain que lui procure son vivier d’innovateurs. Qu’il s’agisse de crowdfunding immobilier (Lymo), de modélisation 3D (MyCloud3D) ou d’espaces de travail expérimentaux (YAD Space), le promoteur pourra donc tester les pratiques en amont et les intégrer à son offre en aval. Une proximité féconde pour les start-up également, qui ont tout intérêt à s’appuyer sur l’expertise de l’opérateur historique pour prendre leur envol.
Mais malgré les liens durables qu’il entend développer, Bouygues Immobilier n’est pas du genre mari jaloux. Parce que les relations oxygénées sont les plus porteuses, les jeunes entreprises bénéficient de leur totale autonomie, que ce soit pour innover ou trouver d’autres collaborateurs.
Après le succès de La Ruche, sémillant espace de coworking et d’idées sur l’immobilier de demain lancé peu avant BIRD, Bouygues Immobilier amplifie sa démarche d’ouverture auprès des start-up de la Real Estech, Le leader français n’exclut d’ailleurs pas, à l’avenir, d’entrer plus lourdement au capital de start-up. A cet égard, la tendance au rapprochement des acteurs de l’écosystème et la recherche croissante de verticalité de la part des promoteurs confirme le chambardement tant attendu du secteur immobilier.
Clément Jourdan