L’aventure Lumicène débute il y a déjà plus de 15 ans, quand Laurent Salvaire répond à un appel à projet européen qui vise à concevoir la fenêtre la plus performante possible. Son constat de départ est simple : « nos appartements sont de plus en plus compacts, et nos balcons – autrefois ornementaux – de plus en plus larges. Mais nous passons moins d’1% de notre temps sur ces mêmes balcons, d’où la nécessité de créer un hybride : une réponse technique et esthétique à cette envie de plus en plus forte de dedans-dehors ».
Ainsi est né le concept de Lucimène, un espace intérieur transformable ponctuellement en balcon. Une réflexion lourde sur les usages et la performance s’engage alors. Lauréat d’un concours quelques temps plus tard, c’est Jean-Louis Beffa, alors PDG de Saint-Gobain, qui remet un prix à la jeune entreprise. Suite à cette rencontre, le leader mondial des produits verriers s’associe à Lucimène dans la conception et la production de ces balcons de nouvelle génération.
« La première barrière rencontrée vient du fait que l’innovation à l’échelle du bâtiment répond à des cycles longs : le premier retour utilisateur arrive après 4 ans au mieux, le temps de développer un projet immobilier. »
Après ces quelques années difficiles, les premiers Lumicènes sont installées et les retours sont très positifs. Au-delà du côté pratique, cette solution engendre d’importantes économies d’énergie car elle permet l’exposition d’une très grande surface vitrée à la lumière et contribue ainsi significativement au besoin de chauffage du logement.
Initialement cantonné aux petits promoteurs, le produit a aujourd’hui été déployé 1300 fois, en France principalement mais aussi en Belgique. Plus récemment les grands acteurs nationaux ont commencé à découvrir le produit : Eiffage Immobilier a été le premier à faire confiance à l’entreprise lyonnaise et Nexity a suivi avec un projet à Toulouse. Crédit Agricole Immobilier a également livré sa première opération et 2 autres sont en cours. Enfin, Lumicène a pénétré le marché parisien grâce au promoteur Nafylian & Partners et espère d’autres opérations en Ile-de-France suite à la signature d’un accord cadre avec ICADE. Le bénéfice pour un promoteur est le suivant : en moyenne, le surcoût d’un Lumicène est de 8 000 à 10 000€ mais permet de récupérer en moyenne plus de 4m² commercialisables. Cette solution est donc très pertinente d’un point de vue économique dans les zones tendues où le prix du m² dépasse facilement les 5 000€.
Aujourd’hui le produit est mature techniquement et ne possède aucun équivalent dans le monde. Et demain ? L’entreprise explore déjà plusieurs pistes de développement.
« Plusieurs étapes nous ont énormément fait grandir. Le travail effectué avec Jean-Jacques Ory par exemple a permis au produit de gagner en notoriété. Mais nous avons également développé plusieurs collaborations avec de jeunes archis : l’agence Anska a réalisé pour nous LumiFlats, un projet d’exploration architecturale autour du Lumicène. L’objectif était de montrer que Lumicène n’était qu’une réponse d’usages, que tout restait à faire du point de vue architectural, et que le potentiel était considérable. Plus récemment, nous avons développé avec l’architecte Christophe Benichou LumiShell, un module compact préfabriqué, équipé de deux Lumicène, qui a vocation à être installé en pleine nature. Les premiers retours sont fantastiques avec des dizaines de reprises dans la presse et plusieurs centaines de demandes, notamment en Amérique du nord, pour le compte d’hôteliers entre autres. »
Pour Lumicène, l’innovation dans le bâtiment doit avant tout passer par les usages : « 15% de la surface de nos logements est dédiée aux balcons, souvent utilisés comme un espace de stockage malheureusement : on doit se réapproprier cet espace. N’oublions pas les fondamentaux : le logement intelligent n’est pas que connecté, il doit avant tout être bien conçu et répondre aux nouveaux usages. Le secteur n’attirait pas beaucoup les entrepreneurs mais c’est en train de changer, et de façon spectaculaire : c’est une très belle opportunité. »
Nils Edelman