Pour bouleverser l’industrie et remettre en cause des positions acquises, les startups du secteur immobilier vont devoir attirer massivement des investisseurs. Or, force est de constater que la Real Estech (ou la Proptech) n’a pas connu jusqu’alors le même succès que la Fintech ou la Foodtech. A titre de comparaison, les startups de la Fintech présentes aux quatre coins du monde ont levé environ 30 milliards de dollars en 2016 contre moins de 3 milliards pour celles de la Real Estech. Pire, les jeunes pousses de la Food Tech ont levé 2 fois plus d’argent que les acteurs du secteur immobilier. Cet écart est paradoxal dans la mesure où le secteur agroalimentaire représente moins de 5% du PIB en moyenne contre presque 20% pour le Real Estate. Autre chiffre, les ménages des pays développés consacrent peu ou prou 6% de leurs revenus à l’alimentaire (et c’est en baisse) alors que les dépenses de logements dépassent souvent 20% (et c’est en hausse).
Si l’analyse statique est assez sombre, l’approche dynamique est en revanche très enthousiasmante. Selon un livre blanc publié en mai 2017 par KPMG[1], les investissements dans la Real Estech[2] sont passés de 220M$ en 2012 à 2,6Mds$ en 2016, soit une hausse de 1200% en 4 ans. Dans le même temps, les investissements dans le secteur immobilier au sens large ont juste doublé pour atteindre 320Mds$. Aussi, le ratio Real Estech / Real Estate a explosé. KPMG estime que la tendance va s’accentuer et que le chiffre de 20Mds$ d’investissements annuels pourrait être atteint dès 2020 (soit 6 fois plus qu’en 2016). Une telle accélération n’est pas utopique si on observe l’histoire récente de la Fintech qui est passée de 2Mds$ de capitaux levés à 23Mds$ en moins de 4 ans.
KPMG met en avant plusieurs facteurs pour justifier une telle prévision. Premièrement, d’autres secteurs se sont fortement modernisés et les consommateurs sont désormais habitués à une plus grande qualité de service. Leurs attentes sont beaucoup plus fortes et les acteurs traditionnels de l’immobilier ne savent pas toujours comment y répondre. Deuxièmement, le taux d’urbanisation à l’échelle mondiale va passer de 54% à 70% d’ici 2050, ce qui est un défi gigantesque en termes d’immobilier résidentiel et tertiaire. 3ème facteur, le taux de pénétration des smartphones va considérablement augmenter d’ici 2020. Le numérique va par exemple s’imposer sur les chantiers. Enfin, les millenials vont progressivement devenir les plus grands consommateurs d’immobilier alors même que les usages qu’ils privilégient sont très différents.
Depuis le début de l’année 2017, 5 fonds de capital-risque spécialisés en immobilier ont vu le jour : 3 aux Etats-Unis, 1 en Australie et 1 en Thaïlande. Les plus grands noms du secteur ont pris des participations dans ces fonds. C’est le cas de CBRE, Starwood ou encore du broker JLL. D’après KPMG, toutes les grandes entreprises doivent en faire de même pour transformer les menaces en opportunités.
[1] http://www.jamesdearsley.co.uk/wp-content/uploads/2017/05/Taronga-KPMG-White-Paper-RealTech.pdf
[2] Selon KPMG, la Real Estech couvre les activités suivantes : Urban Planning, Design & Construction, Search, Sales & Acquisition et Leasing & Management.